Stendhal est un immense écrivain Français du XIXe siècle pour lequel Major et ses lecteurs ne peuvent avoir qu’une immense admiration. Soldat, homme à femmes, écrivain, penseur, et, surtout, grand psychologue de l’âme humaine et de ses passions, Stendhal décrit dans son livre « De l’Amour » les 4 types d’amour possibles, lesquels sont toujours d’actualité.

L’amour-passion

L’amour-passion stendhalien n’est pas celui que l’on croit aujourd’hui. Nous confondons désormais très souvent l’amour passion avec l’amour physique, et nous prenons pour de la passion l’érotisme exacerbé des débuts avec le sentiment de manque qui en résulte. Nous entendons très souvent des jeunes filles (et des jeunes hommes) dire « c’est passionné entre nous, il (elle) me manque dès que je ne suis plus avec lui (elle) » ou encore « au début de notre relation, c’était passionné, nous faisions l’amour plusieurs fois par jour. Aujourd’hui, il y moins de passion » (entendez seulement : moins de sexe, moins de désirs).

Au contraire de l’amour physique, l’amour-passion est celui d’Héloïse pour Abélard, c’est un amour avant tout spirituel, de l’ordre de l’Esprit et de l’âme. Autrement dit, c’est l’amour que nous connaissons actuellement le moins. Il s’agit d’un amour qui peut précisément se passer de contacts physiques : un amour pour une étrangère que l’on ne peut pas voir, un amour impossible mais auquel on reste fidèle, un amour qui rapproche deux esprits davantage que deux corps, et qui peut donc atteindre des sommets émotionnels bien plus grands et intenses que la pure attractivité matérielle et sensuelle. C’est un amour rare.

L’amour-goût

Il s’agit d’un amour conventionnel, celui qui est le plus fréquent. On aime quelqu’un comme on aime manger ou boire, dans les codes et les coutumes de notre temps. A rapprocher de la célèbre maxime de la Rochefoucauld : « il y a [une majorité] des gens qui ne seraient jamais tombés amoureux si on ne leur avait jamais parlé d’amour ». A la différence de l’amour-passion, lequel est souvent contraire à nos intérêts, l’amour-goût, lui, sait toujours s’y conformer. L’amour est un goût, presque comme un autre, on s’y plie avec plus ou moins d’envie. On sait d’éducation et d’instinct comment s’y prendre, à travers des schémas « mignons » mais somme toute assez banaux.

C’était l’amour principal au XVIIIe siècle, celui que l’on trouve dans les romans et les mémoires de cette époque, et c’est celui que l’on pourrait trouver aujourd’hui dans les relations nées d’applications de rencontres comme Tinder ou Happn. Par goût pour l’amour et par intérêt, les gens s’y inscrivent et font tout dans les règles : liker la photo qui plait, engager la discussion, faire un premier rendez-vous, coucher, se mettre ensemble. La passion, l’inattendu et le sacrifice y sont rares. 

L’amour-physique

L’amour le plus connu car le plus simple à appréhender. Celui qui nait avec la puberté et les premières effusions de désirs. A l’époque de Stendhal, c’est celui pour une belle (et « fraiche », précise-t-il) paysanne soudainement croisée dans les bois. Quelque chose de fort s’empare de vous et un homme pourrait aller jusqu’au mariage pour consumer cet élan violent. Il s’agit d’une attraction physique, sensuelle et sexuelle pour un être. Cet amour est généralement plus court dans le temps, mais, même si tout le monde le sait, il est dur de lui résister.

Actuellement, de très nombreux couples se mettent ensemble sur les seuls critères de l’amour-physique, qu’ils confondent avec l’amour-passion. Prenant leurs désirs pour de l’amour, il croient cesser d’aimer lorsqu’ils cessent de désirer (ce qui ne manque généralement pas d’arriver avec le temps). D’où le principe « de l’amour qui ne dure que 3 ans » ou des divorces de masse après seulement quelques années de vie en commun. La raison principale de ces phénomènes : baser son couple sur l’amour-physique en le prenant, encore une fois, pour de l’amour-passion.

L’amour-vanité

Il s’agit d’un amour qui était très commun chez les bourgeois et les aristocrates de l’époque, qui tombaient amoureux subitement de « la femme à la mode » ou d’une duchesse pour mieux rehausser leur propre nom. A l’heure d’Instagram, de la tv-réalité et des « stars », c’est un amour toujours aussi fréquent. Comme son nom l’indique, c’est un amour qui n’existe que pour flatter son orgueil ou sa vanité, souvent sans en avoir conscience, car les effets sont les mêmes qu’avec les autres amours (désir puissant, cœur qui bat, envie de faire plaisir à l’autre, etc.).

Ce n’est pas un amour-physique à proprement parler car l’amour-vanité peut, en vérité, se passer de cette véritable et sincère attraction. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à écouter les vedettes de TV-réalité qui tombent amoureux (ou amoureuses) d’une autre vedette prestigieuse : ils coucheront ensemble, certes, mais cette modalité sera secondaire. Il n’est pas rare de voir des hommes, poussés par leur orgueil et leur vanité, se croire amoureux d’une femme car elle brille aux yeux des autres. De nombreux couples sont basés sur cet amour.

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